"Mémoire collective": refoulement et instrumentalisation.
Après la séance du Jeudi 22 mars au C.N.P. - Cinémas Studio - Tours
"Mémoire collective": refoulement et instrumentalisation. Avec la projection du film : "L'insurrection de l'Ile Rouge" (Madagascar) (Sur la révolte malgache de 1947.) Ce que raconte ce film sur Madagascar et la politique Française en 1947, c’est l’histoire d’une résistance populaire et d’un crime colonial français. 1947… Deux ans après une guerre qui a fait des millions de morts, et qui a été en France une guerre de répression sauvage sur les résistants engagés dans une juste lutte de libération nationale. Deux ans après la parution du programme progressiste du Conseil National de Le secours Populaire Français envoie des avocats pour défendre les inculpés. (Les avocats locaux en ont reçu l’interdiction). Parmi eux, Henri Douzon, ancien des maquis. Il est menacé, attaqué, laissé pour mort dans la brousse. Il sera ensuite un vaillant avocat des causes anticolonialistes. En France, les communistes dénoncent « l’entêtement criminel desautorités coloniales ». Les tribunaux d’exception vont fonctionnerjusqu’en 1954 ! La responsabilité du gouvernement Ramadier, aujourd’hui, en 2007, n’est toujours pas reconnue officiellement. En 2005, Jacques Chirac, lors d’un voyage à Madagascar, s’est contenté de dénoncer le « caractère inacceptable des répressions engendrées par les dérives du système colonial. » Un colloque de l'Association Française d’Amitié et de Solidarité avec les Peuples d’Afrique (AFASPA) a été conclu par contre dans ces termes par Jean Suret-Canal[1] : « Je tiens pour ma part la colonisation dans son principe comme un crime contre l’humanité, les excès répressifs n’en étant que l’aboutissement. » Nous sommes mis en présence de deux interprétations différentes du même événement. L’une incontestablement de droite, digne de ceux qui cherchent un « côté positif à la colonisation » L’autre fidèle à l’histoire des luttes anticoloniales de la gauche depuis Jaurès. En Indochine, de 1946-1954 : 1945, 1946,1947, c’était l’époque où, dans le grand élan de la libération, dans le sillage du Conseil National de Dans la mémoire collective il y a aussi le souvenir de ceux qui ont lutté contre le colonialisme et ses violences extrêmes. La solidarité prolétarienne n’était pas alors un vain mot : on refuse de charger le matériel de guerre pour l’Indochine, par exemple… On est emprisonné, comme Henri martin. On meurt à Charonne… On a manifesté contre la guerre des américains au Viêt-Nam…On se bat aussi pour la reconnaissance du massacre du 17 octobre 1961. Et quand on regarde le monde aujourd’hui, du côté de Cela au nom d’un principe qu’exprime Eluard : « La liberté d’un peuple oriente tous les peuples, Un innocent aux fers enchaîne tous les hommes ». De même, pour ce qui me concerne, un coupable sauvagement torturé et/ou exécuté.
[1] Jean Suret-Canale, Engagé de la première heure et responsable dans la résistance, il est historien géographe, Docteur d'État, spécialiste de l'histoire de l'Afrique noire et en particulier de l'histoire de la colonisation. Il a publié de nombreux ouvrages.